Archives du Futur
Au croisement du surréalisme et de la technologie, le bestiaire Post Natural History imagine l’évolution possible du monde vivant après Darwin. Les photographies révèlent une collection d’espèces en voie d’apparition : un paon à l’exosquelette d’argent serti de diamants, une libellule à l’abdomen de verre doté d’un capteur luminescent mesurant la qualité de l’air, un scarabée au GPS intégré dans son antenne métallique… Gravées sur une plaque en laiton, des explications « scientifiques » légendent les images et renforcent la vraisemblance contenues dans ces représentations. L’étrange familiarité de ce bestiaire poétique interroge l’ambivalence de notre relation à la nature et à la technologie.
 

Post Natural History , bestiaire surréaliste du Futur
La ville de Brasília, les mythes de l’exploration spatiale, les robots androïdes… Poétiques et méticuleux, les clichés de Vincent Fournier témoignent de la part de rêve et de mystère que les utopies scientifiques et technologiques font résonner dans l’imaginaire collectif. Avec « Post Natural History », jouant les docteurs Moreau, il met en scène une collection de créatures « en voie d’apparition » : insectes, animaux et plantes hybrides, imaginés au croisement de la biologie synthétique et de la cybernétique, et présentés sous forme de planches encyclopédiques. En parcourant ce cabinet de curiosités, on observe un ibis aux pattes de métal résistant à des températures extrêmes, une libellule au fragile abdomen de verre dans lequel un capteur luminescent mesure le taux de pollution, un scarabée pourvu d’un GPS intégré dans son antenne métallique ; plus loin, une « fleur de chair » – sculpture squelette en impression 3D, faite de chair de synthèse – et de curieux organes dont un « coeur incassable » en or qui s’auto-régénère, promesse de vie éternelle, et un cerveau artificiel à vocation télépathique. Saisissant, et troublant… Jusqu’aux cartels « scientifiques », gravés sur des plaques en laiton, qui décrivent les particularités de ces « néo-êtres » et renforcent le réalisme autant que la dimension fantasque des images. Ces espèces pourraient-elles exister dans le futur ? Mêlant histoire, présent et anticipation, recherche esthétique et réflexion sur la relation entre nature et technologie, imaginaire et possible, ce muséum d’histoire potentielle a la beauté bizarre des songes. Fiction spéculative, il pose la question de l’évolution du monde vivant et des limites de notre humanité, appelée à devoir s’adapter à un environnement – inconnu, forcément inédit, hostile peut-être – où les technosciences ne seront plus seulement une extension du corps mais une véritable donnée intime. Bienvenue dans la vie « post-nature ».

Texte : Etaïnn Zwer pour Usbek & Rica #16 – Octobre 2016

The Bestiary— Archeoloy of the Future
The Post Natural History project shows the archives of an imagined future caught between memory and projection where science, technology and living organisms have all intersected to create a handful of ultra-developed species with highly technological capabilities.
Based on conversations with synthetic biology specialists and presented with the aesthetic of encyclopedic boards these “upcoming living species” are familiar yet strange. Indeed, we “know” the rabbit or the lizard, but upon closer inspection, we realize certain differences. For example, the dragonfly possesses a transparent glass belly in which a luminescent sensor measures the rate of pollution.
Just like the bestiaries of origin from the Middle Age that were mixing the fantastic with the real, this imaginary archive is a mirror for our hope, fear, and phantasms about the unknown. These surrealistic species are classified by alphabetical order with captions describing their new traits. My inspirations come from old illustrations, painting, poesy, myths and scientific facts.

Post Natural History — Film 3’30